La classe de Mathieu Quénée est lumineuse et colorée. Outre les dessins d’enfants qui recouvrent les murs, on repère vite les nombreuses boîtes en plastique contenant le matériel ludique fabriqué par l’enseignant de 31 ans à destination de ses CP et CE. « Je crois profondément que le jeu permet aux enfants de 6, 7 ans d’apprendre beaucoup de choses. Je fais aussi mes cours de façon classique, bien sûr, notamment le matin car l’après-midi, les enfants ont plus de mal à se concentrer. Avec le jeu, ils se remotivent et revoient les notions étudiées auparavant. » Des os pour les dinos, La Frousse de l’ours, Ruée sur la fusée… depuis le premier lancé en 2007, La Fée emprisonnée et le Chevalier, jusqu’au petit dernier, Mustang fuyant, Mathieu a mis au point une vingtaine de jeux constitués d’une grand plateau, de pions, de dés et de matériel divers en carton.
Après, on retrouve les parcours semés d’obstacles déclinés autour d’un univers original : les chevaliers, les Indiens, le pôle nord, le cirque, etc. Les pièges et autres obstacles qu’on retrouve dans ce type de jeux renvoient à des questions piochées dans le programme de maths, de français, de sciences ou d’instruction civique.
Ces jeux sont répartis en deux catégories : le modèle classique, où chaque participant joue pour soi et doit vaincre tous les autres concurrents et le jeu coopératif, par équipes. « C’est ceux-là que je développe en ce moment. Les gamins, encore très individualistes à cet âge, sont contraints de s’entraider pour gagner. Le plus fort dans une matière peut conseiller l’autre. Les enfants apprennent ainsi, mine de rien, la solidarité… ».
La pratique de ces jeux en classe est bien sûr organisée, avec des plages horaires réparties dans l’emploi du temps de la semaine, plutôt en fin d’après-midi. « Ça permet de faire participer les parents ou grands-parents une fois par semaine, après inscription ! Pendant que je donne une leçon d’informatique à une section, les autres élèves jouent sous la responsabilité d‘un adulte. Tout le monde y trouve son compte ».
Vu le succès de l’expérience, Mathieu a contacté ces derniers mois des éditeurs spécialisés pour qu’une version commerciale de certains de ces jeux voie le jour. « Si d’autres élèves, dans d’autres écoles, peuvent y trouver leur compte, pourquoi pas ? Et puis ça me soulagera car je passe beaucoup de temps à tout faire de façon artisanale à partir de mon matériel personnel. Dessins, découpage, impression, rédaction des questions…et aussi trouver toujours de nouveaux univers, ce qui n’est pas une mince affaire. »
Pour avoir une idée plus précise de cet étonnant travail au service des écoliers, allez jeter un œil sur le blog de Mathieu. Vous pouvez tout télécharger et reproduire pour votre usage personnel les jeux en question. « À terme, je pense créer des logiciels qui permettront de jouer de façon virtuelle mais pour l’instant, c’est bien que les enfants utilisent encore un support physique, en relief… »
L’article à lire dans sons intégralité ici: http://www.lavoixdunord.fr/region/ronchin-l-instituteur-a-la-bosse-des-jeux-ses-eleves-ia28b0n1661962